Les forains (DVD)


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Chaque année, une jeune foraine devient Esméralda, représentante des forains de France

Correspondance

Cher Çiva,

C’était bien de se voir finalement in vivo. Je suis ravie que tu puisses lire mes réactions à tes films à tes parents et que cela les divertisse au bon sens du terme, bien sûr. Ton papa dit que mon écriture est politique, je l’espère bien. D’ailleurs toute écriture est politique, le cinéma documentaire aussi. C’est de l’ordre de l’euphémisme. En ce qui me concerne je cherche toujours à recadrer l’organisation des éléments dans ce qu’un film particulièrement documentaire a à voir avec le collectif et les luttes de pouvoir au sens le plus large que nous puissions imaginer. Dans le cadre donné et le hors-cadre suggéré du film.

Maintenant, j’ai vu tes films forains – ah ! le montage de la grande roue ! – et franchement la personne de Marcel Campion importe peu ! C’est un personnage difficile à cerner car fuyant à l’image, par pudeur très certainement mais aussi par peur de la machine-cinéma qu’il ne domine pas. C’est un homme qui se méfie de ce qu’il ne connaît pas, quelqu’un qui avance très précautionneusement. Nous avons déjà parlé de ses défis et jeux politiques extrêmement mesurés. Il te paye rubis sur l’ongle et c’est bien – saches à tout hasard que le fameux Constantin G., autre chef de lobby s’il en est, est un cas exceptionnel dans le paysage cinématographique -.

L’important dans cette histoire de cinéma forain est que c’est, comme tu me l’as dit, un cinéma de commande donc de propagande. Toutes les « personnes interrogées » encensent le héros, sans l’ombre d’une critique. Peu importe, ce qui ressort de ces films comme des autres que tu as réalisés est que tu es une bonne caméra, un bon œil, que tu as un bon rapport à l’objet, un bon rapport à l’image avec les gens que tu filmes, que ce soient des personnalités ou des anonymes. Et ça c’est une qualité. C’est vrai que je préfère que tu utilises cet atout pour tes films de cœur, enfin pour tes séquences de cœur parce qu’il y en a dans tes films forains. Il suffit de voir le plaisir que tu prends à les filmer.

Voilà, et j’espère qu’un jour, nous irons ensemble à « la Chope des Puces », écouter du jazz manouche… J’ai entendu parler d’un restaurant, « la Cocotte », qui vient de s’installer de ce côté du périphérique. Le connais-tu, est-ce bien ?

Je t’embrasse en attendant de passer un moment au « Temps des Cerises ». Avec la belle Victoria…

Michèle

P.S. Mon amie Dominique a vu Santa Terezinha et ressent, elle, la présence de la dame comme étant aussi un révélateur de l’impuissance de ce type d’ONG dans ce genre de contexte. C’est une vision des choses que je ne renie pas…

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